La découverte fortuite de nodules surrénaliens est une situation fréquente et, chez les patients sans antécédent de cancer, ces nodules sont très majoritairement bénins. Cependant, la conduite à tenir est plus complexe chez les patients ayant un antécédent de cancer, car le risque de métastase surrénalienne est mal établi et varie grandement selon le type de lésion primitive. Les recommandations actuelles tendent à regrouper tous les patients ayant un antécédent de cancer dans une seule catégorie, ce qui paraît être une simplification excessive. Cette étude a pour objectif de déterminer plus précisément le taux de malignité des nodules surrénaliens découverts chez des patients ayant un cancer, et d'identifier les facteurs prédictifs de métastases.
Cette étude rétrospective, menée entre 2010 et 2020 dans un grand réseau de santé universitaire, a inclus des patients ayant un antécédent de cancer (hors cancer cutané de type carcinome basocellulaire) ayant réalisé un ou une IRM scanner abdominal avec injection de produit de contraste qui ont révélé un nodule surrénalien d'au moins un centimètre. Pour constituer la cohorte finale de 420 patients, un outil de traitement du langage naturel a d'abord permis d'identifier les examens pertinents, puis les dossiers ont été sélectionnés aléatoirement. Le diagnostic final de chaque nodule (bénin ou malin) a été établi soit par analyse histologique après une biopsie ou une résection chirurgicale, soit par une suivi en imagerie d’au moins un an. Une augmentation de taille < 3 mm / an classait le nodule comme bénin, tandis qu'une croissance > 5 mm / an le classait comme malin. Des analyses statistiques ont ensuite été réalisées pour corréler le type de cancer primitif, la présence d'autres métastases et la taille du nodule surrénalien avec le risque de malignité.
Résultats
Sur les 420 patients étudiés, le taux de malignité des nodules surrénaliens était de 15,7 %. Ce taux était significativement plus faible chez les patients ne présentant que le nodule surrénalien comme anomalie (10,8 %) que chez ceux qui avaient d'autres métastases (24,5 %). La taille moyenne des nodules malins était supérieure à celle des nodules bénins (2,6 cm contre 1,9 cm).
Le risque de métastase surrénalienne variait fortement selon le cancer primitif : il était le plus élevé pour le mélanome (50 %) et le cancer du poumon (32 %). La taille du nodule s'est avérée être un facteur de risque important, avec un risque de malignité qui augmentait pour les nodules de 2 à 4 cm et encore plus pour ceux de plus de 4 cm. Chez les patients avec un nodule surrénalien isolé, un antécédent de mélanome ou de cancer du poumon augmentait très fortement la probabilité que le nodule soit une métastase.
Discussion
Cette étude confirme que, même dans une population de patients atteints de cancer, la grande majorité des nodules surrénaliens découverts sont bénins, particulièrement en l'absence d'autres localisations métastatiques. Le risque dépend cependant fortement du type de cancer primitif.
La prévalence élevée des métastases surrénaliennes chez les patients atteints de cancer du poumon et de mélanome, ainsi que l'influence de la taille du nodule, sont des informations importantes pour la pratique clinique.
Ces résultats suggèrent que la prise en charge des nodules surrénaliens pourrait être affinée. Au lieu de traiter tous les patients ayant un antécédent de cancer de la même manière, on pourrait envisager une approche plus personnalisée. Par exemple, un nodule surrénalien isolé < 10 mm chez un patient avec un cancer peu susceptible de métastaser à la glande surrénale pourrait ne pas nécessiter d'examens (comme une biopsie ou un TEP-scanner), contrairement à un nodule plus gros ou découvert chez un patient atteint d'un mélanome ou d'un cancer du poumon.
• Un antécédent de cancer du poumon, de mélanome, ou une taille supérieure à 2 cm augmente significativement la probabilité de métastases surrénaliennes.
Satani AA, Lacson R, et al. Assessing the malignancy rate of adrenal nodules in patients with a history of cancer: factors associated with adrenal metastases. Eur Radiol. 2025 Sep.

