Une étude d’ampleur, publiée en avril 2025 dans le JAMA Internal Medicine, alerte sur l’impact sanitaire du recours massif au scanner aux États-Unis. Selon les projections des auteurs, près de 103 000 nouveaux cas de cancers pourraient être attribués à l’irradiation médicale liée au scanner réalisés en 2023, soit environ 5 % de tous les nouveaux diagnostics de cancer annuels dans le pays.
Cette étude alerte sur l’ampleur des risques oncologiques liés à l’usage croissant de la tomodensitométrie aux États-Unis. D’après une modélisation reposant sur les données récentes des hôpitaux américains, près de 93 millions de scanners auraient été réalisés en 2023 sur 62 millions de patients, générant potentiellement 103 000 nouveaux cancers au cours de la vie des personnes exposées. Si les pratiques actuelles persistent, scanner pourrait prochainement représenter jusqu’à 5% de l’ensemble des nouveaux cas de cancer annuels dans le pays.
L’étude, pilotée par des épidémiologistes de l’Université de Californie à San Francisco, s’appuie sur des données détaillées de doses organiques obtenues à partir de plus de 120 000 examens, intégrant l’âge, le sexe, la zone anatomique explorée et l’indication clinique. L’étude s’appuie sur les modèles de risque de cancer développés par le National Research Council (modèles BEIR VII), qui restent la référence internationale malgré certaines incertitudes liées à l’extrapolation des données japonaises à la population américaine actuelle.
Les projections montrent que bien que le risque individuel soit plus marqué chez l’enfant – notamment pour les cancers de la thyroïde, du cerveau et les leucémies –, la prépondérance de l’utilisation chez l’adulte fait que 91% des cancers radio-induits surviendraient dans cette population.
Les cancers les plus fréquents projetés sont le cancer du poumon (22 400 cas, avec une incidence plus élevée chez les femmes), le cancer du côlon (8 700 cas), la leucémie (7 900 cas) et le cancer de la vessie (7 100 cas). Chez les femmes, le cancer du sein est le deuxième plus fréquent (5 700 cas).
Chez les enfants, les cancers thyroïdiens (3 500 cas), pulmonaires (990 cas) et du sein (630 cas) dominent les projections.
Concernant les types d'examens à risque, le scanner abdominopelvien constitue la première source de cancers radio-induits chez l’adulte, suivi du thorax.
Chez l’enfant, c'est le scanner cérébral qui serait le plus fréquemment responsable de cancers.
Les auteurs rappellent que ces résultats doivent être interprétés à la lumière des bénéfices diagnostiques indiscutables du scanner.
Toutefois, ils soulignent une hausse de 35% du volume d’examens depuis 2007, sans lien évident avec le vieillissement de la population et souvent liée à des indications peu pertinentes ou à la réalisation de séquences multiphasiques parfois non justifiées.
Cette dérive, conjuguée à des doses parfois élevées, justifie une vigilance accrue sur l’indication, la justification et l’optimisation des protocoles, principes cardinaux de la radioprotection.
Smith-Bindman R et al. Projected Lifetime Cancer Risks From Current Computed Tomography Imaging. JAMA Intern Med. Published online April 14, 2025.
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