Une vaste étude en cours sur l’embolisation dans l’arthrose du genou

Rédigé le 18/06/2025
@ RadioFocus

Un essai clinique international d’envergure, baptisé MOTION, est en cours afin de comparer l’efficacité et la sécurité de l’embolisation artérielle géniculée à l’aide de microsphères à celle des injections intra-articulaires de corticostéroïdes dans le traitement de la gonarthrose symptomatique. Cette étude prospective, randomisée et contrôlée a pour objectif de déterminer la place de l’embolisation artérielle par rapport aux injections de corticostéroïdes dans la prise en charge de l’arthrose.

 

 


La gonarthrose est en constante progression dans le monde, avec un impact clinique et économique considérable. Malgré leur place centrale dans l’arsenal thérapeutique, les injections de corticostéroïdes n’apportent qu’un soulagement transitoire et leur répétition pourrait accélérer la dégradation cartilagineuse. L’embolisation artérielle géniculée agit en réduisant l’hypervascularisation et l’inflammation synoviale, s’accompagnant d’une amélioration significative de la douleur et de la qualité de vie rapportée dans de nombreux travaux préliminaires. Toutefois, le manque d’études comparatives directes avec la prise en charge conventionnelle limite son adoption à grande échelle.

L’essai MOTION va inclure 264 patients (Australie, Europe, Nouvelle-Zélande, Amérique du Nord et Amérique du Sud) adultes présentant une gonarthrose symptomatique, de sévérité radiologique modérée à sévère selon la classification de Kellgren et Lawrence. Après un échec du traitement conservateur, les participants sont randomisés en deux groupes : un groupe bénéficiant de l’embolisation artérielle géniculée avec les microsphères Embosphere, et un groupe recevant une injection intra-articulaire de corticostéroïdes (triamcinolone ou méthylprednisolone, 40 mg). Les critères d’inclusion et d’exclusion sont strictement définis pour garantir l’homogénéité des cohortes et la sécurité des procédures.

Le critère principal d’efficacité est le taux de succès clinique à six mois, défini par une amélioration d’au moins 50 % du score de la sous-échelle douleur du questionnaire WOMAC, sans recours à un autre traitement de secours.

Le critère principal de sécurité est l’absence d’événement indésirable lié au traitement sur la même période. Les patients non répondeurs à six mois peuvent bénéficier d’un changement de bras thérapeutique (crossover).

Un suivi prolongé de 24 mois permettra d’évaluer la durabilité des résultats, le recours à une chirurgie prothétique et la survenue d’effets indésirables tardifs.
Les premiers résultats (à 6 mois) sont attendus pour 2026.

L’étude s’appuie sur un protocole rigoureux, avec collecte centralisée des données, relecture des angiographies par un laboratoire de référence, et adjudication indépendante des complications. L’analyse statistique est conçue pour démontrer la supériorité de l’embolisation sur l’efficacité et sa non-infériorité sur la sécurité par rapport aux injections de corticostéroïdes.

L’enjeu est de taille : fournir la première comparaison directe à large échelle, multicentrique et contrôlée, susceptible de faire évoluer les recommandations des sociétés savantes.

 

L'ESSENTIEL
 Cette vaste étude internationale va permettre de définir la place de l’embolisation dans la prise en charge de l’arthrose.

 Les premiers résultats sont attendus pour 2026.

 

Bent C, et al.

Genicular Artery Embolization Using Embosphere Microspheres versus Corticosteroid Injections for Symptomatic Knee Osteoarthritis: The MOTION Randomized Controlled Trial Protocol.

Cardiovasc Intervent Radiol. 2025 Mar 6;48:551–558.

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