Cette étude évalue les erreurs d'interprétation d'IRM chez des patients adultes atteints d'épilepsie réfractaire. Les chercheurs ont analysé rétrospectivement les IRM de 886 patients, notant les discordances entre les interprétations initiales et finales. Les pathologies les plus fréquemment manquées étaient la sclérose mésiale temporale, l'élargissement de l'amygdale et la dysplasie corticale focale. L'étude souligne l'importance d'une approche multidisciplinaire intégrant les données cliniques et EEG pour améliorer la précision diagnostique. Les auteurs suggèrent également l'utilisation de protocoles d'imagerie spécialisés et de l'intelligence artificielle pour réduire les erreurs d'interprétation. L'objectif est d'aider les radiologues à identifier les pathologies fréquemment négligées pour optimiser le diagnostic initial de l'épilepsie.
Dans une vaste étude rétrospective menée au sein d’un centre universitaire spécialisé dans l’épilepsie, 886 patients adultes souffrant d’épilepsie résistante aux traitements médicamenteux ont été inclus afin d’identifier les erreurs les plus fréquentes lors de l’interprétation de l’imagerie par résonance magnétique cérébrale. Malgré l’utilisation de protocoles d’imagerie optimisés et la participation de radiologues expérimentés, l’étude révèle qu’environ 17 % des interprétations initiales comportaient des discordances par rapport au diagnostic final établi en réunion multidisciplinaire.
L’analyse retrouve plusieurs facteurs expliquant ces erreurs. Le manque d’informations cliniques ou électroencéphalographiques lors de la première lecture, souvent absentes de la demande d’examen, apparaît comme un obstacle majeur à une interprétation optimale. Par ailleurs, la pression temporelle et la charge de travail croissante en routine clinique sont évoquées comme des causes potentielles de ces erreurs, bien que difficilement quantifiables.
Les principales erreurs
Les erreurs ont été classées en cinq catégories : les pathologies complètement manquées, les diagnostics partiels dans des cas de pathologies doubles, les mauvaises interprétations, les surdiagnostics, et les confirmations erronées.
La sclérose mésiale temporale a été manquée dans 5,6 % des cas en tant que diagnostic isolé, et dans 21,4 % des cas où elle était associée à une autre pathologie.
Parmi les entités les plus souvent oubliées, l’élargissement de l’amygdale occupe une place prépondérante, manquée dans 41,3 % des cas. Cette entité, relativement nouvelle et encore mal comprise, est de plus en plus reconnue comme potentiellement épileptogène, en particulier dans l’épilepsie temporale. Sa méconnaissance par de nombreux radiologues expliquerait la fréquence élevée des diagnostics manqués.
Les malformations du développement cortical, comme la dysplasie corticale focale, restent également difficiles à détecter, même sur des protocoles de haute qualité, et peuvent demeurer invisibles sur l’imagerie standard. 33,9 % des foyers de développement cortical focal ont échappé à l’interprétation initiale.
Les encéphalocèles temporales, dont la présentation est souvent discrète, représentent une cause sous-estimée d’épilepsie résistante (30,8 % manquées).
Point important, le taux d’erreur n’était pas significativement différent entre les radiologues juniors et seniors, soulignant la difficulté intrinsèque de la détection de ces lésions parfois très subtiles.
Le changement de protocole d’imagerie en 2019, intégrant des séquences haute résolution recommandées, n’a pas permis de réduire significativement le taux de diagnostics manqués, en particulier pour la sclérose hippocampique et la dysplasie corticale focale.
Vers une meilleure précision diagnostique
L’étude souligne que l’interprétation des IRM, même par des radiologues expérimentés, reste problématique sans une intégration adéquate des informations cliniques, telles que la sémiologie des crises et les données des électroencéphalogrammes. Dans 39 cas sur 148 où des erreurs ont été identifiées, des informations cliniques additionnelles obtenues lors des discussions multidisciplinaires ont directement conduit au diagnostic final.
L’étude propose plusieurs solutions pour réduire ces erreurs : une meilleure utilisation des informations cliniques dès la demande d’examen, une formation continue des radiologues pour reconnaître les pathologies subtiles et l’utilisation d’outils technologiques avancés. Parmi ces derniers, les techniques d’imagerie de pointe comme l’IRM à ultra-haute résolution, l’analyse morphométrique et l’intelligence artificielle pourraient jouer un rôle crucial dans la détection des lésions difficiles à identifier.
• Les pathologies les plus fréquemment manquées étaient la sclérose mésiale temporale, l'élargissement de l'amygdale (nouvelle entité mal connue des radiologues) et la dysplasie corticale focale.
• Pour réduire les erreurs d’interprétation, il est nécessaire d’avoir les informations cliniques et EEG lors de l’IRM, en plus de la réalisation de séquences en haute résolution.
Haughey AM, Gasner N, Krings T. MRI interpretation errors in adult patients with medically refractory epilepsy. AJNR Am J Neuroradiol. Published online February 5, 2025.

