La dissection de l'artère carotide interne représente une cause majeure d'accident vasculaire cérébral, particulièrement chez les patients jeunes. Le processus styloïde est de plus en plus suspecté de pouvoir jouer un rôle dans cette pathologie, notamment en cas d'allongement ou de distance réduite par rapport à l'artère. Cette revue s’appuie sur une analyse exhaustive de la littérature afin de faire le point sur le diagnostic et la prise en charge de cette entité encore sous-estimée.
Malgré des connaissances établies sur le syndrome d'Eagle lié au processus styloïde, le concept de dissection de l'artère carotide interne spécifiquement causée par cette anomalie anatomique est plus récent.
Environ 30% de la population présente un processus styloïde allongé, mais son implication dans la dissection de l’artère carotide interne n’est reconnue que depuis quelques années.
L’étiologie est souvent spontanée, sans événement déclencheur évident, bien que des mouvements abrupts ou des manipulations cervicales puissent parfois précéder l’événement. L’imagerie, en particulier l’angioscanner, est l’examen de choix pour objectiver à la fois la dissection et l’anatomie du processus styloïde, en évaluant sa longueur, son angulation et sa proximité avec l’artère carotide interne. Cependant, en l’absence de critères diagnostiques standardisés et de sa méconnaissance, l’identification de cette cause reste largement sous-estimée.
L’analyse se base sur 84 cas publiés, enrichis de trois cas supplémentaires, Les données démographiques révèlent que cette situation survient majoritairement chez les hommes d'âge moyen (médiane 47 ans).
Bien que la majorité des dissections soient rapportées comme spontanées (80,5%), une proportion significative est associée à des mouvements brusques ou répétitifs du cou (13,8%) ou à des traumatismes directs (4,6%), soulignant l'importance d'une anamnèse détaillée.
Pour le radiologue, le diagnostic repose principalement sur l’angioscanner qui est l'outil de choix, permettant non seulement de visualiser la sténose artérielle mais aussi d'analyser l'anatomie du processus styloïde et sa relation spatiale avec l'artère carotide interne. L'imagerie par résonance magnétique est complémentaire pour évaluer la paroi artérielle et mieux détecter l’hématome mural.
Il est important de noter qu'il n'existe pas encore de critères diagnostiques internationaux standardisés, laissant souvent l'interprétation à l'appréciation du radiologue. Un processus styloïde de plus de 30 mm est significativement associé à la dissection, mais la distance entre le processus styloïde et l'artère carotide interne est également un facteur essentiel qui devrait être systématiquement rapporté.
Le traitement conservateur, principalement basé sur l’administration d’antiagrégants ou d’anticoagulants, est celui de première intention dans la majorité des situations. Toutefois, cette stratégie présente un taux de récidive symptomatique non négligeable, de l’ordre d’un tiers des cas.
L’alternative chirurgicale (résection du processus styloïde) peut donc se poser dans cette situation. Aucun patient traité d’emblée par cette intervention n’a présenté de récidive symptomatique, mais la population est faible.
Cela interroge sur la place potentiellement curative de cette approche dans les formes bien documentées. La voie d’abord cervicale est privilégiée pour sa sécurité et sa visibilité, notamment dans les situations à haut risque vasculaire.
Le stenting carotidien semble moins recommandé dans cette situation, en raison du risque de complications mécaniques liées à la compression persistante du processus styloïde sur la prothèse, avec des cas rapportés de fracture de stent.
• La longueur du processus styloïde, mais également sa distance par rapport à l’artère carotide, sont les deux éléments les plus pertinents à rapporter.
Klail T, Sachs L, et al. Styloid process-related internal carotid artery dissection: extensive literature review of diagnosis, treatment and outcomes (exemplified with a single-center case series). Neuroradiology. 2025;
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