Deux articles publiés dans Radiology (article original et éditorial) remettent en question la place de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ultrarapide du sein, longtemps présentée comme une alternative plus rapide et potentiellement aussi performante que l’imagerie dynamique conventionnelle après injection de produit de contraste.
L’IRM multiparamétrique du sein s’est imposée comme une méthode d’une grande sensibilité pour la détection des cancers mammaires, grâce à l’utilisation de séquences avancées telles que l’imagerie pondérée en T1 et T2, la cartographie du coefficient de diffusion apparent, et surtout l’imagerie dynamique avec injection de produit de contraste. Si cette approche offre une évaluation fine des caractéristiques lésionnelles, elle présente cependant l’inconvénient d’un temps d’acquisition prolongé et d’une spécificité parfois limitée.
Face à ces contraintes, de nouveaux protocoles d’imagerie, dits « abrégés » et « ultrarapides », ont été développés pour réduire le temps d’examen tout en maintenant une performance diagnostique élevée.
L’IRM ultra-rapide du sein, introduite en 2014, permet de capturer les données cinétiques précoces de l’injection du produit de contraste dans la première minute suivant l’injection. Cette technique repose sur des séquences dérivées de l’angiographie dynamique, permettant une caractérisation vasculaire précoce des lésions, mais au prix d’un sous-échantillonnage spatial qui peut affecter la qualité d’image et la résolution temporelle.
Le protocole abrégé, quant à lui, élimine les séquences tardives, conservant uniquement les images pondérées en T1 avant et juste après l’injection du produit de contraste, ce qui réduit significativement la durée de l’examen tout en gardant les informations des phases précoces essentielles au diagnostic.
Cette étude réalisée dans des conditions méthodologiques rigoureuses (protocole identique, mêmes patientes, mêmes séquences et contrôle précis du timing d’injection), démontre que l’imagerie ultrarapide n’apporte pas le bénéfice attendu. Trente-et-une patientes ayant présenté des lésions nécessitant une caractérisation supplémentaire ou un rehaussement parenchymateux de fond gênant lors d’un premier examen dynamique conventionnel ont été soumises à une seconde acquisition ultrarapide. Cinquante-neuf lésions rehaussées ont ainsi été analysées, avec une évaluation indépendante par deux lecteurs selon des critères de qualité d’image, de visibilité lésionnelle et de classification selon le système BI-RADS.
Les résultats révèlent que si l’imagerie ultra-rapide permet effectivement de réduire le rehaussement parenchymateux de fond, cet avantage s’obtient au détriment de la caractérisation des lésions, pour plusieurs raisons :
- L’accentuation du rehaussement précoce observée sur les séquences ultra-rapides n’améliore pas la discrimination entre lésions bénignes et malignes, contrairement aux schémas d’imagerie dynamique conventionnelle. En effet, les paramètres cinétiques des séquences ultra-rapides montrent des performances identiques à celles des séquences conventionnelles pour l’analyse du rehaussement précoce (AUC à 0.67 versus 0.68 respectivement), alors que l’analyse de la courbe de rehaussement sur les séquences conventionnelles apporte des informations supplémentaires (AUC à 0.72).
- La capacité à caractériser précisément la morphologie des lésions (forme, contours, architecture interne) est également diminuée avec l’imagerie ultrarapide, principalement en raison d’une résolution spatiale dégradée et d’artefacts de flou.
L’étude souligne que dans les cas les plus complexes – notamment avec un rehaussement de fond marqué ou pour des lésions difficiles à interpréter – l’imagerie ultrarapide a conduit à davantage de diagnostics erronés, avec plus de faux négatifs et de faux positifs qu’avec l’imagerie dynamique conventionnelle.
En conclusion, ces résultats invitent à la prudence quant à l’utilisation de l’IRM ultrarapide en tant qu’alternative à part entière à l’imagerie dynamique conventionnelle du sein. L’argument du gain de temps ne saurait compenser le compromis diagnostique induit, notamment en termes de détection et de caractérisation des lésions. L’imagerie ultrarapide pourrait, au mieux, être envisagée comme un outil complémentaire, mais certainement pas comme substitut dans les protocoles d’imagerie mammaire de référence.
• Malgré une diminution du rehaussement de fond, la détection des lésions et leur caractérisation est moins bonne que sur les séquences conventionnelles, du fait notamment d’une altération de la résolution spatiale.
• Les paramètres cinétiques des séquences ultra-rapides n’améliorent pas la discrimination entre lésions bénignes et malignes.
Bode M, Morscheid S, Iordanishvili E, Huck LC, Zhang S, Lemainque T, Kuhl CK. Intraindividual Comparison of Ultrafast versus Standard Two-dimensional Dynamic Contrast-enhanced Breast MRI. Radiology. 2025 May;315(2):e241371.
Cotes C, Jacobs MA. Ultrafast Breast MRI: Possibly Just a Diagnostic Compromise to Dynamic Contrast-Enhanced Imaging. Radiology. 2025 May;315(2):e250746.

