Une étude rétrospective a évalué la valeur diagnostique du scanner dans la différenciation des diverses formes pathologiques des nodules pulmonaires en verre dépoli. Sur une cohorte de 210 patients, les auteurs ont comparé les caractéristiques tomodensitométriques des nodules, croisées avec la confirmation anatomopathologique, afin de mieux distinguer les lésions bénignes des différents stades du cancer bronchopulmonaire de type adénocarcinome.
Les diagnostics histologiques ont été classés en cinq groupes :
- lésion inflammatoire (21 lésions)
- hyperplasie adénomateuse atypique (AAH) (30 lésions)
- adénocarcinome in situ (AIS) (50 lésions)
- adénocarcinome minimalement invasif (MIA) (65 lésions)
- adénocarcinome invasif (IAC) (40 lésions)
De nombreux critères morphologiques et quantitatifs ont été analysés : taille des lésions, dimension des composantes solides, présence de spiculations, de lobulations, de cavitations, d’indentations pleurales, d’irrégularités de contour et de limites floues.
Caractéristiques morphologiques clés (signes qualitatifs)
L'étude confirme que la présence de certains signes morphologiques est statistiquement corrélée à un degré d'invasion plus élevé. Leur fréquence augmente de manière progressive depuis les lésions bénignes jusqu'aux carcinomes invasifs. Les signes à rechercher sont :
Spiculations et lobulations : Leur présence est significativement plus fréquente dans les groupes MIA et IAC, indiquant une croissance infiltrante.
Forme irrégulière : Fortement associée aux IAC. Les lésions pré-invasives et les MIA présentent plus souvent une forme ronde ou ovale régulière.
Signe de l'indentation pleurale : Également plus fréquent dans les groupes MIA et IAC, traduisant une rétraction fibreuse induite par la tumeur.
Cavitation : La présence de cavités au sein du nodule est un signe de malignité, plus courant dans le groupe IAC.
Bords nets vs flous : Les lésions pré-invasives et les MIA ont tendance à avoir des bords bien définis, alors que les IAC présentent plus souvent des bords flous, témoignant d'une zone de transition avec le parenchyme sain.
Signes quantitatifs
Les mesures quantitatives se révèlent être des différenciateurs puissants et objectifs :
Taille de la lésion : La taille globale du nodule augmente de manière significative avec le grade pathologique. L'étude montre une progression de la taille moyenne du groupe inflammatoire (8.5 mm) au groupe IAC (15.0 mm).
Taille de la composante solide : C'est le critère le plus discriminant. Elle est quasi nulle pour les lésions pré-invasives et augmente nettement pour les MIA (moyenne de 3.5 mm) et surtout les IAC (moyenne de 7.0 mm). La présence et la taille de cette composante solide sont directement liées au degré d'invasion.
Ratios 2D et 3D : L'étude montre que les ratios bidimensionnel (grand diamètre axial/petit diamètre axial) et tridimensionnel (grand diamètre axial/grand diamètre crânio-caudal) ne sont pas des critères statistiquement significatifs (P > 0.05).
Seuils diagnostiques pratiques
L'analyse des courbes ROC fournit des seuils diagnostiques pratiques, basés sur la taille de la composante solide.
Distinguer lésions pré-invasives vs. MIA :
Une composante solide de 1 mm ou plus a une faible sensibilité mais une spécificité de 100 % pour suggérer un MIA (AUC = 0.705). C'est un excellent signe d'alerte.
Distinguer MIA vs. IAC :
Un seuil de 3 mm pour la composante solide offre un bon équilibre diagnostique (Sensibilité 67,7 %, Spécificité 87,2 %). Un seuil de 6 mm atteint une spécificité de 100 % pour diagnostiquer un IAC (AUC = 0.814).
• Un nodule de grande taille, à contours flous et irréguliers, comportant une composante solide, des spicules périphériques, ou attirant la plèvre doit faire suspecter une lésion invasive.
• La présence d’une composante solide est le critère le plus robuste en faveur d’une lésion maligne.
Wu H, Zhang X, Zhong Z. CT-based discrimination and diagnosis of various pathological types of ground glass nodules in the lungs. BMC Med Imaging. 2025;25:119.
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